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L'Internet se distingue encore d'un média de masse du fait qu'il autorise, dans une certaine mesure, la participation de tout un chacun. Reconnaissons que les circonstances démentent la belle légende qui prétend que sur le Réseau tout le monde, qu'il soit particulier ou entrepreneur, peut publier ce qu'il veut. Il n'en reste pas moins que si votre prose rentre dans les normes acceptables de notre époque, si vous avez des hobbies somme toute conventionnels (surfer sur le Net, for example), vous n'aurez pas trop de mal à créer vos propres pages de présentation ; vous pourrez dire à vos petits enfants : j'en étais !

Le Réseau a été perçu à l'origine de sa colonisation comme un espace de liberté réelle, où les " sans voix " pouvaient crier aussi fort que leurs maîtres. La réalité a bien vite démenti cette gentille image d'Epinal. Car si tout serveur connecté peut à la fois recevoir et diffuser de l'information, toutes les personnes utilisant le Réseau ne disposent pas du libre accès au serveur qui les connecte. En règle générale, avant de mettre en ligne vos pages Web, vous devez obtenir l'accord de votre université ou de votre fournisseur d'accès, à moins de créer votre propre serveur et nom de domaine. Néanmoins, on connaît maintenant plusieurs services sur le Web qui ne sont partis que de quelques pages en HTML pour grossir progressivement avant de constituer un service à part entière.

Les bibliothèques doivent saisir cette chance de s'assurer une présence et une visibilité sur le Réseau. Plusieurs raisons poussent à favoriser cette présence, quand elle est techniquement possible. Un service sur l'Internet est ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre, il a une vocation mondiale de par la nature du support, il peut offrir instantanément des informations pratiques... En bref, c'est un bon moyen de mieux faire connaître son organisation, dans les limites du public fréquentant le Réseau. Dans le cas des bibliothèques, de plus en plus de bibliothécaires sont connectés de par le monde, le public est donc bien identifié et présent.




Les modalités d'implantation




Pour construire sa bibliothèque virtuelle, tous les protocoles et logiciels en usage peuvent être utilisés. Encore faut-il, en l'état actuel des technologies, bien les connaître pour en faire un usage approprié.

Telnet

Comme nous l'avons vu dans la toute première partie sur l'historique de l'Internet, les premières bibliothèques connectées ont rapidement offert un accès telnet (TErminal NETwork protocol) à leurs catalogues. Ce mode d'accès a l'avantage pour la bibliothèque d'être très simple à mettre en oeuvre, il suffit de déclarer sur le serveur un nouveau terminal connecté, à la différence que celui-ci n'est pas physiquement désigné, qu'il est distant et différent à chaque connexion. L'utilisateur distant consulte ainsi l'OPAC de la bibliothèque de la même façon que s'il se trouvait en salle de lecture, à la différence près qu'il n'a auprès de lui aucun bibliothécaire pour le guider. L'utilisation traditionnelle de telnet suppose de posséder un compte et mot de passe pour se connecter sur la machine distante, mais dans le cas des accès publics, on déclare un " accès banalisé " qui ne nécessite au pire des cas que de connaître le login public (" public ", " library ", " bibliothèque "...) ; dans le meilleur des cas, la porte est isolée du reste du serveur et aucun sésame particulier n'est requis.

Beaucoup de bibliothèques conservent encore à l'heure actuelle un tel mode de connexion ; dans les listes de bibliothèques, l'accès en telnet est souvent signalé, car il nécessite le logiciel adéquat.

Wais et Z 39.50

Wais (Wide area information servers) est également un mode d'implantation de banques de données sur le Réseau. C'est un ensemble de logiciels qui permet d'indexer et de rassembler dans une banque de données des documents divers, que ce soit des documents en texte intégral ou bien des notices bibliographiques. Grâce à un logiciel client Wais, l'utilisateur interroge par mots-clés un ou plusieurs serveurs qui abritent de telles bases et obtient en retour une liste de documents pertinents. A l'origine la première version de Wais ne permettait que d'interroger sur le document entier : dans le cas de notices bibliographiques, si vous recherchiez tous les ouvrages écrits par un certain Paris, vous obteniez également tous les ouvrages publiés dans la capitale française (!). Les dernières versions, dont freewais-sf (search fields), ont introduit la notion de champs d'interrogation, ce qui est nettement plus efficace dans le cas de recherches documentaires. Ces logiciels ont le grand avantage d'être gratuits.

Il existait un annuaire mondial des bases Wais " directory of servers " et un annuaire des bases françaises géré par l'INRIA.

" Le système client/serveur Wais ne fonctionne plus du tout. Il n'y a plus aucun directory de serveurs maintenu, et les clients Wais ne sont guère utilisés. Par contre Wais (freewais-sf) est encore activement développé et pas mal utilisé comme outil d'indexation, et comme serveur. "

Effectivement, les logiciels clients ne sont plus diffusés et utilisés. Ils n'étaient en soi guère conviviaux et pratiques d'accès. Néanmoins, Wais sert toujours à indexer des collections de documents, auxquels désormais on accède par d'autres moyens.

Wais s'appuie sur la première version d'un protocole qui ne cesse de se développer : Z 39.50. Développée depuis 1981, cette norme désigne un protocole client/serveur destiné à l'interrogation de banques de données, sans se préoccuper de l'interface par rapport à l'usager. La grande particularité de ce protocole est que l'on peut envoyer une requête unique à plusieurs serveurs distants. Cette norme est très riche, la version 3 date de 1995, et paradoxalement elle continue à être enrichie alors qu'elle ne connaît pas encore une réelle implantation mondiale.

Pourtant cette norme permettrait un réel développement de la recherche documentaire sur l'Internet, puisqu'un seul logiciel client pourrait atteindre une multitude de bases distinctes.

Promouvoir l'usage de la norme Z 39.50, tel est l'objectif premier d'Europagate, un projet du Programme pour les bibliothèques de la Communauté européenne. Il s'agit d'établir une passerelle technique entre les protocoles des mondes TCP-IP (e-mail, WWW, Z 39.50) et ISO (norme Search & Retrieve) afin d'améliorer l'interconnectivité des différentes ressources du Réseau. Il a été prévu de constituer une offre logicielle commune afin de répandre l'implémentation technique de la norme. Celle-ci est donc à suivre, car elle peut représenter - à l'avenir - un bon moyen d'homogénéiser l'offre d'informations sur l'Internet.

Gopher

Gopher, du nom d'un rongeur mascotte du Minnesota, est à la fois un protocole et un ensemble de logiciels. Il a été le premier outil à permettre à un utilisateur d'accéder à des documents stockés sur des serveurs différents de manière transparente, sans avoir à connaître le nom de ces serveurs. On a aussi comparé Gopher à un livre infini. Vous vous connectiez sur un premier serveur qui vous proposait plusieurs menus représentant les différents services présents sur le serveur, mais également accessibles à distance. Vous n'aviez qu'à cliquer sur les menus pour parcourir une arborescence jusqu'aux documents désirés. Entre 1992 et 1993, les sites Gopher se multiplièrent à grande vitesse, constituant ainsi le premier " phénomène " de l'Internet. De nombreuses universités possédaient un serveur Gopher avec un accès à leur bibliothèque. Le catalogue de la bibliothèque avait été indexé le plus souvent grâce à Wais.

Cependant, Gopher représente une étape intermédiaire dans l'histoire de l'Internet, entre les pionniers du telnet et le grand-public du Web. Il ne subsiste à l'heure actuelle plus beaucoup de serveurs Gopher, ceux encore en activité ont été intégrés en HTML aux serveurs du World Wide Web.

Le World Wide Web

La " toile d'araignée mondiale " est désormais le service d'informations le plus connu sur l'Internet. C'est lui qui a séduit le grand public et les marchands du Temple. Pourtant il a déjà quelques années d'ancienneté. Il est né en 1989 en Suisse au CERN (Centre d'études et de recherches nucléaires) de la volonté de deux chercheurs, Robert Cailliau et Tim Berners-Lee, de concevoir un système de stockage et de récupération efficace des publications du Centre. A partir des recherches qui avaient déjà été menées sur les documents hypertextes, ils ont utilisé le langage SGML pour définir le HTML (Hypertext markup language), le langage de balises propres à créer des pages hypermédia sur le WWW.

Ce n'est que quatre ans plus tard, vers la fin de 1993 et au début de 1994, que les sites Web ont commencé à se multiplier à grande vitesse, dépassant rapidement en quantité tous les autres types de services d'informations sur le Réseau.

La première bibliothèque a avoir disposé d'un serveur Web semblerait être la bibliothèque publique d'Helsinki en Finlande, si l'on en croit ses propres dires, qui aurait été connectée à l'occasion de son ouverture en février 1994.

Le Web permet une navigation complètement libre sur l'Internet, à partir de liens figurés en couleur sur chaque page. Ces liens débouchent sur de nouvelles pages, sur des images, des sons, des textes... Vous pouvez ainsi sauter de liens en liens, à partir d'une page initiale, sans n'avoir jamais saisi une adresse explicite de serveur.

Le langage HTML, à l'origine très rudimentaire, correspond aussi à un moment dans l'histoire de la micro-informatique : l'avènement - conceptuel avant d'être commercial - du multimédia : il permet d'intégrer au sein de ses pages de plus en plus de médias différents, offrant ainsi les présentations les plus séduisantes que l'on puisse trouver sur le Réseau.

Ce langage correspond aussi à un certain degré de maturité technique de l'Internet. En effet, les butineurs, ces logiciels qui servent à naviguer sur le Web, sont de plus en plus complets, incluant en un seul logiciel tous les protocoles et fonctionnalités de l'Internet. Ainsi, un service Web utilisera éventuellement un ancien service Gopher, une base indexée en Wais ou un OPAC de bibliothèque en telnet. Ce qui permet à une bibliothèque d'offrir par le biais de pages HTML l'accès à une base Wais de notices catalographiques.

Le catalogue pourrait aussi être écrit entièrement en HTML. Certains logiciels, tels que Glimpse ou Men-multicherche permettent de constituer des petits moteurs de recherche se fondant sur un ensemble de fiches HTML. L'inconvénient de cette solution est qu'il faut créer des fiches HTML pour chaque notice catalographique ; l'indexation Wais semble être plus rapide et commode.

Une autre solution provient directement des concepteurs de logiciels pour bibliothèques. De plus en plus de ces logiciels incorporent des passerelles entre la base bibliographique et le format HTML. Ainsi il devient très facile de réaliser un accès à votre catalogue via le Web. La société lyonnaise Ever propose pour ses solutions logicielles Doris/Loris une interface de ce type, dont une démonstration est consultable directement en ligne sur leur serveur Ever-Online.

Le format HTML est devenu en 1996 le standard de tout nouveau service créé sur l'Internet. Suite à la concurrence entre les deux géants Microsoft et Netscape, ce langage ne cesse d'évoluer pour offrir toujours plus de fonctions sophistiquées. Il constitue en quelque sorte le berceau de toutes les innovations futures sur l'Internet.

Le futur est parmi nous

Le World Wide Web se développe cette année à un rythme effréné. Le mouvement a été initié par la sortie en 1995 de la version 2 du Navigator de Netscape.

Cette version incorporait des spécificités qui n'appartenaient pas au langage HTML standardisé ; une sorte de modus operandi tacite de l'Internet était brisé, puisqu'un logiciel devançait les travaux de normalisation en profitant d'une situation commerciale quasi-monopolistique. Certains sites disposent ainsi de fonctionnalités adaptées à Netscape, que d'autres logiciels ne peuvent interpréter. Pour tirer son épingle du jeu, Microsoft a développé aussi des fonctionnalités propres à son butineur Explorer. Ainsi, la concurrence pousse les sociétés à créer de nouvelles fonctionnalités qui ne sont réellement standardisées dans le langage HTML que beaucoup plus tard.

La version 2 de Navigator a apporté un autre concept riche de potentialités pour l'avenir du WWW : les plug-ins, ou " modules additionnels " en français. Ce sont des petits logiciels que l'on télédécharge et qui se greffent automatiquement sur le butineur afin de pouvoir lire de nouveaux types de fichiers. On trouve de tout chez les plug-ins : lecteurs de documents mis en page (AcroRead d'Acrobat), lecteurs de fichiers sonores en temps réel (RealAudio), programme de simulation en trois dimensions. Les possibilités sont quasi infinies, puisque ce n'est pas Netscape qui se charge de développer ces modules, mais des sociétés qui se conforment aux spécifications techniques de Navigator.

En cette année 1996, le langage de programmation Java est sur les lèvres de tous les développeurs et de tous les internautes cyber-dépendants. Ce langage permet d'écrire des petits programmes qui sont télédéchargés par le butineur et qui s'adaptent ainsi à toutes les plates-formes informatiques. Il est assez puissant pour réaliser des applications autonomes que l'on utilise uniquement au moment voulu.

Enfin, un autre langage devrait jouer un grand rôle à l'avenir : le VRML (Virtual reality modeling langage). Ce langage fonctionne sur le même principe que le HTML, mais il sert à décrire des objets en trois dimensions. On peut ainsi visiter des décors en traversant des pièces ou des lieux successifs. Ce langage pourrait avoir de grands débouchés dans le commerce, mais on peut aussi imaginer des développements intéressants dans le domaine des bibliothèques : l'internaute pourrait alors réellement visiter les différentes sections selon ce qu'il recherche et, pourquoi pas, parcourir du regard le contenu des rayons.

Globalement, tous ces développements technologiques sont encore utilisés en tant que gadgets, pour épater la galerie. Ils portent néanmoins en germe de formidables applications qui n'attendent que la définition de nouveaux besoins et la diffusion de technologies performantes pour éclore.




Les facteurs de réussite




L'apparente simplicité du langage HTML permet à tout un chacun de créer ses propres pages de présentation sur le Web. Certaines sociétés se prétendent conceptrices de services interactifs et réalisent des services à la portée de toute bonne volonté. Nous sommes dans une période où les outils sont disponibles, nous sommes tentés d'en abuser, un peu comme ces vidéo-amateurs qui abusent du zoom jusqu'à la nausée.

Pourtant les études sur les services vidéotex et sur les OPAC de bibliothèques ont montré qu'un bon service de consultation répondait à des principes simples et précis. Ces principes peuvent s'appliquer à l'élaboration d'un service Web ; nous en rappellerons quelques uns qui ressortent aussi bien de la littérature spécialisée que du bon sens.

Le service apporté

Le service Web doit évidemment apporter une valeur ajoutée par rapport à tous les autres services proposés par la bibliothèque ; que ce soit pour les informations contenues, difficilement consultables par d'autres moyens, ou pour la disponibilité d'un tel service, consultable jour et nuit à travers le monde. Ce service doit se distinguer d'une luxueuse plaquette de présentation, ce qui n'est pas encore le cas de nombreux Web d'entreprises.

L'arborescence doit être soignée. Celle-ci désigne le chemin que doit parcourir l'utilisateur pour passer d'une page à l'autre, pour retrouver l'information recherchée. Chaque page doit être clairement identifiée, afin que l'utilisateur sache à tout moment où il se trouve dans le service, et comment il peut en rejoindre d'autres parties. Cette orientation se fera grâce à des icônes et des boutons relativement uniformes, placés en des endroits accessibles au regard.

Selon l'envergure du service, il pourra être judicieux de penser au multilinguisme, en proposant dès le début du service au moins un accès aux pages en anglais. Les pages du service seront dupliquées et traduites afin d'offrir cette alternative qui ne pourra qu'améliorer la " visibilité " internationale du site.

On devra offrir à l'utilisateur la possibilité de consulter des pages d'aide à tous les moments clés de la consultation, notamment au moment de l'interrogation du catalogue, qui pourra être l'occasion d'une présentation rapide de quelques conventions bibliothéconomiques.

La mise en forme

Si le langage HTML, dans sa troisième version, n'est pas encore tout à fait approprié à des mises en pages de style professionnel, il permet néanmoins de nombreux effets visuels attrayants.

La mise en forme du service devra être faite en accord avec l'image globale de l'organisation qu'il est censé représenter : pour une agence de publicité, on pourra se permettre certains délires graphiques, dans le cas d'une bibliothèque de référence, une certaine sobriété sera de mise.

Il faut penser aux multiples utilisateurs potentiels du service : tous n'utilisent pas les lignes dédiées à haute vitesse de Renater, beaucoup utilisent de simples modems raccordés au réseau téléphonique commuté.

Il faudra donc veiller à ce que les graphismes servant d'illustrations ne soient pas trop lents à charger sur la machine d'un utilisateur lambda. Dans le cas de temps de chargement trop lents, l'utilisateur est rapidement découragé. Une solution astucieuse consiste à proposer dès la page d'accueil une version texte du service, dépouillée de tous ses artifices graphiques, permettant ainsi une consultation beaucoup plus rapide.

Selon la même idée, il faut veiller à éviter tout " netscapisme " ou " microsofisme " trop récent et pas encore normalisé. Comme nous l'expliquions plus haut, Netscape et Microsoft ont pris la fâcheuse habitude de proposer de nouveaux codes HTML à chaque nouvelle version de leur butineur. Les fonctions permises par ces codes ne sont pas traduites par tous les logiciels. Par exemple, les frames (multi-fenêtrage) n'étaient pas lues par la version 2 de l'Explorer de Microsoft. Si l'on décide d'adopter ces fonctionnalités, il faut alors songer à proposer une version normalisée du service, afin que celui-ci soit consultable par tous les butineurs répondant aux standards HTML en cours.

Le Web fonctionne en mode client-serveur. Cela signifie en particulier qu'une même page de codes HTML pourra être lue différemment selon les configurations graphiques des logiciels clients. Un écran 17' en 800x600 obtiendra une présentation différente qu'un écran standard 15' en 640x480. Il faut donc tester la visualisation des pages sous différentes configurations graphiques et éventuellement indiquer à l'accueil les conditions optimales de consultation du service.

Un service vivant et consulté

Le but principal d'un service d'information, quelque soit le support qu'il utilise, est d'être utilisé et de remplir ses objectifs.

Pour qu'un service Web ne devienne autre chose qu'une coquille passé quelques semaines, il faut songer à sa mise à jour régulière. Le coût humain de cette mise à jour doit être prévu lors de la conception du service, car il peut s'avérer conséquent selon l'importance que l'organisme accorde à ce service.

La mise à jour s'accordera à fournir régulièrement de nouvelles informations, pour susciter les consultations successives. Les liens hypertextes vers des sites Web externes devront également être vérifiés régulièrement afin de ne pas aiguiller les utilisateurs sur des culs-de-sac virtuels. Chaque mise à jour devra être datée pour indiquer la " fraîcheur " des informations fournies.

Il est maintenant courant d'indiquer sur les services nouvellement créés que le site est " en construction ". Le chantier ne doit pas durer des mois, sous prétexte que les pages ne cessent d'évoluer, puisque c'est la vocation même d'un service d'information.

De nombreux points de contacts devront être proposés en affichant les adresses électroniques du personnel de la bibliothèque. Ainsi chaque utilisateur pourra contacter directement la personne responsable d'un secteur particulier pour lui demander des nouvelles de ses propositions d'achat, par exemple. L'auteur a déjà reçu quelques messages électroniques consécutifs à sa page de présentation sur le Web de la Bibliothèque centrale.

Enfin, pour qu'il soit consulté largement, le site Web devra avoir été recensé sur les multiples moteurs de recherche et listes de ressources en bibliothéconomie. Ce recensement revient au responsable du service, qui contactera les différents répertoires mondiaux afin de signaler l'existence du site et éventuellement en communiquer un court descriptif.




Illustrations de bibliothèques en ligne




A l'aune des quelques principes avancés précédemment, nous pouvons maintenant évoquer deux bibliothèques françaises qui proposent un service Web : la Bibliothèque centrale de l'Ecole polytechnique et la Bibliothèque municipale de Lyon. Nous avons choisi ces deux sites car ils représentent assez bien en 1996 ce qu'une bibliothèque française peut proposer en ligne à son public.

La Bibliothèque centrale de l'Ecole polytechnique

Le site Web de l'Ecole polytechnique a été créé en 1994 à l'occasion du bicentenaire de cette vénérable institution. Dans la foulée des commémorations, le service patrimoine de la Bibliothèque centrale a commencé à photographier et numériser les objets scientifiques regroupés dans le musée. L'opération s'est poursuivie tout au long de l'année 1995 par la réalisation de rubriques décrivant la Bibliothèque et en avril 1996 par un nouvel " habillage " des pages Web.

Les services proposés par le site sont de trois types :

- information : histoire et origine des collections, organisation, expositions et associations hébergées par la Bibliothèque ;

- accès au catalogue de la Bibliothèque ;

- service à valeur ajoutée : le musée virtuel du service patrimoine.

Les pages d'informations permettent de mieux connaître les services proposés par la bibliothèque ainsi que les personnes qui animent ces services.

Le catalogue est une copie du catalogue de la bibliothèque indexée grâce au logiciel freewais-sf. Il permet d'interroger par auteur, titre ou bien sur tous les champs des notices simultanément.

Le musée virtuel peut être considéré comme un service à valeur ajoutée car il permet de consulter des objets ou des documents beaucoup moins accessibles par un autre moyen. Deux entrées sont offertes : " la collection d'objets scientifiques anciens " et " les hommes : inventeurs et appareilleurs ". L'intérêt d'un tel service est que les liens hypertextes permettent de passer aisément d'une rubrique à une autre : à partir d'un objet scientifique, on peut consulter la fiche se rapportant à son inventeur, et réciproquement.

La rubrique des expositions présente un calendrier des différentes expositions qui se sont déroulées à la bibliothèque depuis avril 1996 et en développe même certaines.

L'arborescence globale est relativement claire, puisqu'en bas de chaque page figure une image représentant les liens vers la première page et tous les autres services ; à tout moment, on peut passer d'une rubrique à l'autre sans avoir à remonter jusqu'au sommaire initial.

En ce qui concerne l'aide, une page entière explique comment fonctionne Wais et comment mener sa recherche avec des opérateurs booléens.

La mise en forme du site est réussie esthétiquement. Toutes les icônes ont été réalisées par un graphiste, elles reprennent des couleurs sombres sur un fond noir. Ce fond noir peut prêter à discussion car il tranche avec le reste des pages du site général de l'Ecole. De plus, il ne facilite pas l'impression des pages, puisque les caractères sont blancs sur fond noir.

Deux rubriques utilisent les frames de la version du Navigator de Netscape, mais des pages alternatives ont été écrites pour les possesseurs d'autres butineurs.

Le service Web est mis à jour régulièrement, principalement par des ajouts de rubriques qui sont toutes datées. Les noms des concepteurs du site sont indiqués en bas de chaque page avec leur adresse électronique. La rubrique " organisation " permet de faire connaissance avec les membres du personnel et éventuellement de leur écrire. Autre dispositif astucieux, l'adresse électronique de la personne qui s'occupe du prêt entre bibliothèques a été placée sur la page d'interrogation du catalogue.

La bibliothèque n'est malheureusement pas encore bien recensée par les différents moteurs de recherche : quand ceux-ci fonctionnent de manière systématique, on peut retrouver l'adresse de la bibliothèque en l'explicitant, mais les nombreuses listes de ressources bibliothéconomiques font plus souvent référence à l'accès telnet du catalogue qu'au service Web complet.

La Bibliothèque municipale de Lyon

La Bibliothèque municipale de Lyon représente certainement la plus grande bibliothèque publique de France. Son origine remonte à 1527 et ses collections la place au second rang après la Bibliothèque nationale de France.

Cette importance est traduite dans son site Web par une riche iconographie mariée à une mise en forme relativement sobre.

Les services proposés sont de trois types :

- informations : panorama du patrimoine et des ressources disponibles à la bibliothèque,

- accès au catalogue de la bibliothèque,

- service à valeur ajoutée : expositions virtuelles.

Le catalogue est encore de type telnet, vous devez donc posséder ce petit logiciel pour l'interroger.

Depuis le sommaire, trois rubriques sont proposées pour survoler le patrimoine de la bibliothèque : collections, livres rares et vues de Lyon. Dans chacune de ces rubriques, l'accent est mis sur l'iconographie, puisque toutes les images peuvent être télédéchargées.

La rubrique " Expositions virtuelles " propose une promenade au travers de documents (journaux, affiches, photographies...) relatant les points forts de l'histoire lyonnaise. Là encore il s'agit d'images que l'on peut télédécharger, selon deux résolutions (une faible qui permet d'obtenir des fichiers légers et une autre de plus grande qualité).

Outre ces rubriques, on peut également obtenir quelques informations pratiques sur la bibliothèque.

L'arborescence est relativement claire à partir de l'accueil. Dans certaines parties, comme les " Collections ", plusieurs liens renvoient parfois vers la même page, ce qui peut troubler le parcours du lecteur. La navigation est relativement simple : un bouton " Home page " en bas de chaque page permet de revenir au sommaire. On regrettera néanmoins que des boutons plus personnalisés, et francisés, n'aient pu être créés par un graphiste.

On a pensé au multilinguisme, puisque la première page propose un bouton " For english version "... qui n'aboutit encore sur rien !

La mise en forme du site est très sobre et n'utilise aucun gadget de Netscapiste privilégié. Seul attribut multimédia, l'iconographie fait ressortir implicitement la grande richesse des collections de la bibliothèque. Le revers de cette priorité à l'image se retrouve dans des pages qui sont parfois très longues à charger.

Ce site Web n'indique malheureusement pas de dates de création ou de mise à jour des pages. Connu en France, ce site semble lui aussi souffrir d'un manque de référencement international.

La rubrique " Pour en savoir plus " dispose d'une partie " Pour nous joindre " qui ne propose à l'internaute bavard que deux adresses électroniques : celle du directeur Patrick Bazin et un anonyme destinataire " bm ". Il est bien regrettable que le personnel ne soit pas présenté, ce qui faciliterait les contacts transversaux que permet le courrier électronique.

Enfin, cette bibliothèque est inscrite dans son environnement physique grâce à un lien dès l'accueil sur le service en ligne de la ville de Lyon.



Combien sont-elles : la connexion des bibliothèques françaises



Cette partie enthousiasmante sur la mise en ligne de bibliothèques sur l'Internet, avec toutes les perspectives que cela ouvre, ne doit pas faire oublier le fait qu'en France, encore peu de bibliothèques sont connectées en 1996.

" Bon sang de bonsoir, à entendre certains, on dirait que toutes les bibliothèques françaises offrent plus ou moins harmonieusement, qui des pages d'accueil HTML avec choix de services 'adaptés' à leur public, qui des choses plus compliquées, avec intégration d'OPAC, serveurs intranet et tutti quanti...

Mais quand je regarde la liste des abonnés à biblio-fr, je constate que la lecture publique, à part quelques exceptions notoires, brille par son absence. "

Ce message a eu le mérite de poser un problème important : l'Internet ne concerne encore en France que les bibliothèques relativement importantes, rattachées pour la plupart d'entre elles au milieu universitaire. On trouve à cet état de fait des raisons historiques, des raisons fonctionnelles, la Recherche étant un milieu qui a toujours eu des besoins en communication, et des raisons économiques. La dimension économique a été volontairement écartée du champ d'étude de ce mémoire ; elle est néanmoins primordiale pour comprendre le déploiement qu'a connu l'Internet en France - et dans d'autres pays. Il est en effet encore inimaginable pour une bibliothèque municipale de louer une ligne spécialisée à haut débit afin de se raccorder. Il ne reste que la solution provisoire de l'abonnement à un fournisseur privé, et la connexion par un modem et le réseau téléphonique commuté, qui ne permettent pas une utilisation intensive des ressources du Réseau. Même pour certaines grandes villes, les choses ne sont guère avancées.

" Je peux vous répondre avec certitude que le réseau parisien ne dispose absolument pas de l'accès à Internet, sous quelque forme que ce soit, ni pour le public, ni même pour les professionnels.

Le problème n'est aucunement d'en avoir honte mais de trouver des arguments pour obtenir ces services de nos tutelles. Or, comme vous le savez, la baisse de crédits actuelle n'aide pas dans ce genre de négociations. A l'heure où les baisses de moyens pour l'acquisition des livres sont draconiennes, il est difficile d'introduire de nouveaux supports informatiques, CD-ROM... ou accès aux réseaux.

Je ne sais pas combien nous sommes, mais je sais que soixante établissements parisiens n'y sont pas. "

Si du côté universitaire, le Système universitaire en cours de réalisation constitue un cadre de développement pour les bibliothèques universitaires, la lecture publique est dans une situation beaucoup plus hétérogène : les grandes bibliothèques, de par leur importance, peuvent obtenir des crédits pour des projets novateurs, les autres doivent se débrouiller avec leur tutelle, des municipalités qui n'ont pas grande latitude quant à leur budget.

Il manque incontestablement une volonté politique nationale, non pas dirigiste et uniformisatrice comme celle des années soixante-dix, mais incitatrice. Cette volonté avait été manifestée dans les années quatre-vingt autour du minitel ; le réseau étant constitué et les terminaux de consultation largement diffusés, beaucoup de bibliothèques françaises avaient ouvert un service vidéotex. La situation n'est plus la même en 1996 avec l'Internet. Les pouvoirs publics doivent faire preuve de la même détermination qu'avec le vidéotex en favorisant le développement des infrastructures de télécommunication. Evidemment, il a toujours été plus tentant de promouvoir l'industrie nationale, comme cela s'est fait avec le minitel, que d'adopter une technologie provenant de l'étranger.

Dans les pays industrialisés, de nombreux projets de bibliothèques numériques sont en route. En France, à l'exception notoire du chantier de la Bibliothèque nationale de France, aucun projet d'envergure nationale n'a été initié pour réfléchir aux implications concrètes du multimédia et des réseaux de télécommunications sur les bibliothèques universitaires et publiques.

En novembre 1994, le ministère de l'Industrie, des postes et télécommunications et du commerce extérieur lançait un " appel à propositions relatif aux expérimentations des nouveaux services des autoroutes de l'information ". Deux cent cinquante projets ont été labellisés en 1995 puis en 1996. La majeure partie de ces projets concerne des applications de contenu, tandis que quelques infrastructures techniques sont en expérimentation.

Il est temps d'intensifier la connectivité de notre pays, peut-être pas de façon aussi ambitieuse que ne le préconise Gérard Théry dans son rapport au gouvernement de 1994, mais en utilisant les infrastructures existantes, en les modernisant progressivement.

Cette voie semble avoir été celle empruntée par le GIP Renater dans la conception de son projet Renater II, labellisé par le ministère de l'Industrie. Ce projet est destiné à assurer le développement du Réseau Renater, en le dotant de nouveaux débits à même de satisfaire aux applications multimédias futures. La " philosophie technique " de ce projet est très intéressante, puisque ce nouveau réseau sera doté d'une infrastructure ATM, mais véhiculera égalera le protocole IP propre à l'Internet, ce qui permettra une continuité totale avec le réseau Renater existant. Renater II sera déployé " à côté " de Renater I ; le basculement des utilisateurs d'un réseau à l'autre se fera de façon transparente.

" Renater II sera le réseau de l'image animée et de la voix pour l'Industrie, l'Enseignement, la Culture, la Recherche, la Santé, les administrations. Renater II sera l'un des tous premiers supports des expérimentations des autoroutes de l'information. Ses objectifs sont d'être le réseau du téléenseignement, de la télécollaboration grâce à la vidéo professionnelle ".

Au chapitre des utilisateurs potentiels de Renater II figurent les bibliothèques dans la partie " Administrations, culture, patrimoine ".

Espérons que des facilités leur seront réellement accordées, dans le cadre des collectivités territoriales, afin que leur présence sur les réseaux devienne réelle, d'une réalité toute virtuelle.


La diffusion de l'information Conclusion


Notes
http://www.olivier-roumieux.fr

Ne cherchez pas, cette adresse n'existe pas - encore !

Le Web n'est rien d'autre qu'un ensemble de pages de textes et de codes qui sont traduites par le logiciel client. Les codes servent principalement à la mise en page et à la gestion des liens hypermédia.

http://enssibhp.enssib.fr/~samain/francoph.htm

Sur cette liste, les serveurs telnet sont signalés par une petite icône " tel ".

Elizabeth Cherhal, Contribution à Biblio-fr, 24 mai 1996.

L'Agence Z 39.50 de la Bibliothèque du Congrès est le point central d'informations sur cette norme :

http://lcweb.loc.gov/z3950/agency/

Une démonstration en a été faite lors de la journée " Catalogues du futur, futur des catalogues " du 21 juin 1996. Techniquement il subsiste encore quelques problèmes avant que la consultation par ce mode ne soit complètement transparente et aisée pour l'utilisateur final.

http://europagate.dtv.dk/

L'hypertexte a fait l'objet de nombreuses recherches depuis la fin de la seconde Guerre mondiale. Le magazine Wired a retracé l'épopée passionnante d'un de ses pionners : Ted Nelson et son système Xanadu :

Gary Wolf. - The curse of Xanadu. - Wired, juin 1995, 3.06. - p.137.

" Therefore, it was somewhat surprising for the persons who started 'The Knot at the Cable' to realise that theirs (sic) may well have been the very first public library with a World Wide Web-server, in the whole world. "

http://www.kaapeli.fi/htf.html

Stéphane Bortzmeyer a développé une base de RFCs (Requests for comments) grâce au logiciel Glimpse :

http://www.pasteur.fr/other/computer/RFC/

http://www.ciril.fr/CIRIL/outils/export-multicherche/mode_d_emploi.html

http://www.ever.fr/

On pourra consulter à propos des interfaces de banques de données et des OPACs de bibliothèques :

Olivier Roumieux. - Etude de l'accès par tout public d'une banque de données : aspects psychologiques et techniques : le cas de la banque Handoc sous Texto/Logotel : mémoire présenté en vue d'obtenir le Diplôme supérieur des sciences et techniques de l'information et de la documentation. - Paris : Institut national des techniques de la documentation, 1993.

Le vidéotex, malgré ses nombreuses limitations techniques, obéissait à ce principe en proposant généralement les commandes de " navigation " dans un bandeau fréquemment situé en bas de chaque page.

http://www.polytechnique.fr/

http://www.polytechnique.fr/bibliotheque/bibliotheque.html

Le catalogue situé sur l'IBM, et donc actualisé en temps réel, peut toujours être consulté à l'adresse suivante :

tn3270://frpoly11.polytechnique.fr

L'exposition " Humour et cornues " sur la chimie qui se déroulera en décembre 1996 est déjà présente en ligne avec quatre parcours thématiques de découverte.

http://www.polytechnique.fr/bibliotheque/Cornues.html

Institut français de Marrakech [message non signé]. - Combien sommes-nous ?. - Contribution à Biblio-fr, 13 juin 1996.

Cf. partie I.1 sur l'apparition de l'Internet en France.

Dominique Bertrand. - Contribution à Biblio-fr, 19 juin 1996.

Cf. partie I.4 sur les aléas des catalogues collectifs en France.

Cf. partie I.1.

Des informations - parcellaires - sur ces projets peuvent être obtenues sur le serveur du ministère :

http://www.telecom.gouv.fr/

Gérard Théry. - Les autoroutes de l'information : rapport au Premier ministre. - Paris : la documentation française, 1994. - (Collection des rapports officiels)

Gérard Théry y recommande un plan de câblage en fibre optique extrêmement coûteux.

ATM. : Asynchronous transfer mode.

C'est un protocole de transmission qui permettra véritablement de faire transiter des fichiers multimédias. En effet, alors que les protocoles de transmission par paquets (X-25, TCP-IP) fonctionnent actuellement selon un débit constant, l'ATM utilisera des débits différents, adaptés à chaque type d'application (la vidéo nécessite un débit plus important que les données alphanumériques, par exemple).

http://web.urec.fr/Renater/renater2/accueilrenater2.html


©Olivier Roumieux, 1996.

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